En cette rentrée, le Café de la Danse célèbre l’apothéose de l’amour en présentant l’une des pièces les plus controversées et cultes de Marguerite Duras : « Agatha ». Cette pièce poignante s’impose grâce à l’audace de la jeunesse d’Alexandra Larangot et au talent de Florian Carove. Puissant et exaltant.
« Agatha » est l’histoire de deux âmes perdues, égarées dans leurs sentiments, plongées dans le regret d’avoir franchi l’infranchissable. Mais pourtant, ces deux âmes sont emprisonnées dans deux corps attirés irrémédiablement, comme des aimants. Comme des amants. Marguerite Duras connaît le sujet par coeur. Elle en contourne toutes les subtilités, sans en oublier aucune. Elle maîtrise toutes les cordes de ces sentiments qui s’entrechoquent, qui se bousculent et qui bousculent. L’auteure pose les mots sur l’indicible. Elle trouve le ton suffisant et la justesse du propos pour parler d’une blessure partagée entre deux êtres.
L’écrivaine invite à percer les mystères d’une expérience amoureuse inavouable à travers un dialogue poétique et pathétique… Que vous soyez adepte du style de Marguerite Duras ou non, cette « Agatha » émeut et galvanise. Indéniablement, c’est le rendez-vous théâtral à ne manquer en cette rentrée !
En assistant à cette représentation au Café de la Danse, la rédaction a pu découvrir deux talents à suivre : Florian Carove mais surtout la jeune et très prometteuse Alexandra Larangot. En effet, la forte personnalité de Florian n’entrave en rien le charme charismatique de la belle comédienne. Ensemble, durant plus d’une heure et demie, ils célèbrent la beauté et l’amour. De l’un, on retient son aisance déconcertante. De l’autre, on est séduite par sa liberté d’aller et venir et par son engagement total.
Pourquoi on aime ? Pour le travail scénographique et scénique orchestré par le génial Hans Peter Cloos ! A la fois dépouillée (certains diraient même qu’il s’agit là d’un « décor à la Beyrouth ») et très précise, la mise en scène met parfaitement en lumière la grande part d’ombre qui habite le texte dramatique écrit par Marguerite Duras. Jeux de lumières, extraits filmiques, bribes musicales… Tout concordent avec évidence pour animer le classicisme et la modernité de cette tragédie. Ainsi, c’est avec brio que Hans Peter Cloos fait ressortir de ce texte toute la magie de l’écriture de l’auteure.
Un coup de coeur ? Pour le passage où les deux acteurs évoquent leurs souvenirs liés à cette fameuse valse de Brahms… Quand la musique vient effleurer la sensualité, le désir et changer les voix. Les mots deviennent presque des partitions vocales. Fascinant.
Le plus ? C’est l’occasion de (re)lire « Agatha », cette pièce théâtrale qui figure parmi les textes les plus forts qu’ait écrit Marguerite Duras.
« Agatha »
De Margueruite Duras
Mise en scène par Hans Peter Cloos
Distribution Alexandra Larangot & Florian Carove
Décor Marion Thelma
Costume Marie Pawlotsky
Lumière Nathalie Perrier
Vidéo Matti Dolleans
Musique Pygmy Johnson
Assistante Clémence Bensa
Photographies du spectacle Laurencine Lot
Durée du spectacle : 1h40
au Café de la Danse
20/30 euros
du jeudi 7 septembre au samedi 7 octobre 2017
du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 17h00 et 20h30, le dimanche à 16h30
relâche dimanche soir et lundi
LE CAFÉ DE LA DANSE
5, passage Louis Philippe
75011 Paris