En cette belle et douce soirée de semaine, le créateur Patrick Pham nous avait donné rendez-vous dans la majestueuse bibliothèque du Lycée Henri IV. Sur un fond sonore langoureux, envoutant et récursif, de belles jeunes femmes ont défilé lentement habillées de robes toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Un moment de pure élégance.
Alors que le soleil pointait encore une dernière fois son petit bout de nez entre les toits des beaux immeubles haussmanniens et la coupole imposante du Panthéon, une foule s’était rassembler au 1, rue Clothilde pour assister à l’un des plus confidentiels, des plus intimes mais aussi des plus beaux défilés de cette semaine de la Haute-Couture parisienne.
Ayant pris place aux côtés de l’artiste algérienne Fatiha Abbellache, nous avions eu tout le temps pour découvrir son œuvre, une fresque aux textures drapées et craquelées marquant la frontière entre le monde des coulisses et celui doré et féérique du défilé. La jeune femme autodidacte nous a fascinées par sa maitrise de la peinture et de l’art plastique et par l’émotion qu’elle suscite à travers sa passion. Curieuses, nous avons cherché à déceler tous les détails, les ensembles qu’elle nous offrait dans cette œuvre. De la joie ? De la tristesse ? Nul ne sait vraiment. Mais, une chose est sûre, Fatiha Abellache est bien l’artiste parfaite pour illustrer l’univers calme de Patrick Pham. Les couleurs rosées et beiges, la gouache, les collages, les pigments et les formes tout en verticalité ont fait jaillir le style du créateur de mode. Sensible et inspirante, cette femme nous est apparue au premier coup d’œil comme un être à part, qui comprend l’indicible et qui transforme la réalité par sa délicatesse.
Enfin, le défilé commence ! Les jeunes mannequins toutes coiffées d’un impeccable chignon tiré à l’arrière de la tête ont occupé la longue ligne droite d’un pas lent et précis. Au milieu des centaines et des centaines de livres accrochés au mur, elles nous racontaient une histoire. Une histoire qui ressemblait à un conte de fée au « pays de la lagune ». En effet, les robes en perles évoquaient les sirènes et les couleurs verts d’eaux des tenues rappelaient l’univers marins. Dans cette collection, Patrick Pham a prouvé sa maîtrise des jeux de transparence, des impressions fleuries comme tatouées sur le corps des femmes et du tulle quasi-omniprésent. Car, la femme est bien l’obsession du créateur pour qui il voue une passion inébranlable. Exit donc le monde du football et du tennis qu’il chérissait tant il y a encore quelques années. Désormais, cet ex-sportif de haut niveau ne jure que par la haute-couture : et ça lui va bien ! Chacune de ces robes sont créées pour nous faire rêver, nous femmes, pour nous surprendre et nous inviter à appréhender la vie avec paix et confiance. En effet, Patrick Pham n’oublie jamais ses racines du Viêt-Nam et, même si cette influence ne se ressent pas dans cette collection SS17, on comprend tout le sens de sa citation favorite du Dalaï-Lama : «Quand vous vous réveillez, dites-vous que vous êtes chanceux d’être en vie. Que votre existence est précieuse et que vous n’allez pas la gâcher.»
Le point d’orgue ? Les fabuleuses robes de mariée aux styles à la fois très différents et pourtant signature du créateur vietnamien. Les robes aux volumes portaient à croire que les jeunes mannequins allaient s’envoler… Quant à aux robes plus sobres et courtes, elles affirmaient leur originalité dans les motifs.
Rien ne pouvait gâcher cette soirée décidément parfaite en tout point.