C’est inattendu ! Martin Margiela s’invite au Palais Galliera pour une rétrospective parisienne où il offre au public une partie de son histoire. Une histoire étriquée, décalée et mixée qui raconte la mode. Inédit et incontournable.
Atypique, cette exposition-rétrospective dévoile tout de même une (belle) partie de la très mystérieuse personnalité de ce créateur qui ne fit jamais rien comme tout le monde. Toujours dans l’extrême, dans l’impossible, l’indicible, l’impensable, … Martin Margiela s’est imposé comme une référence en mode. Mais une mode provocante et pourtant si essentielle. Chaque défilé dans des lieux hors norme : parking, entrepôt, station de métro, terrain vague… que l’on découvre au fil du parcours de cette exposition créa un scandale et lança des pavés dans la mare bien trop endormie de la fashion sphère. A l’heure où les jeunes générations se rebellent doucement, Martin Margiela crie ces murmures que l’on croyait timides…
Pourquoi on aime ? Parce que cette première rétrospective consacrée à Martin Margiela à Paris retrace, du printemps-été 1989 au printemps-été 2009, l’état d’esprit d’un génie créateur, reflet d’un temps futur qui existera – ou non. C’est lui qui « créa » les vêtements oversize. C’est lui « imprima » en trompe l’oeil des robes. C’est lui qui « imposa » une nouvelle forme de chaussure inspirée des tabis traditionnelles japonaises. C’est encore lui qui « interrogea » la désuétude du vêtement. Lui qui « organisa » un rapport intime, proche et direct avec les habits. Mais c’est aussi cet homme que personne n’a jamais vu. Qu’on ne connait finalement pas… Une part de mystère reste donc et c’est tant mieux !
Un coup de coeur ? Parmi ces 130 silhouettes, vidéos, défilés et archives, le regard de la rédaction s’est spécialement tourné vers cette obsession hors norme et tellement peu conventionnelle à l’époque pour le blanc (le « blanc de Meudon » plus exactement). Martin Margiela décline cette non-couleur en une infinité de nuances et en fait même la signature de sa marque. Un contrepied aux règles de la mode et une non-logique qui confirment que ce génie est bien plus qu’un créateur… Son pull-chaussettes, son gilet-affiches publicitaires, … sont autant de pièces qui font écho à la scénographie de l’exposition voulue comme un chantier, comme une transition, un questionnement sur les possibilités…
Le plus ? A travers cette rétrospective, la rédaction s’est peu à peu familiarisée avec des concepts très novateurs pour l’époque mais que l’on retrouve ici et là dans les collections d’aujourd’hui. Les pinces, les épaulettes, les bolducs, les patrons prennent d’autres dimensions quand on les lit à travers le prisme de la mode conceptuelle signée MM.
PALAIS GALLIERA
MUSÉE DE LA MODE DE LA VILLE DE PARIS
3 MARS -15 JUILLET 2018