La collection Sean Suen pour cet automne/hiver 2018-19 trouve tout son génie dans ce bel hommage à la vie tumultueuse et tragique de Pu Yi, le dernier Empereur de Chine.
Comme un écho fashion au film de Bernard Bertolucci (PUYI, 1987), Sean Suen reconnecte avec sa culture et sa ville natale de Pékin. Cette collection explore les limites de l’être humain et remet en question l’influence du climat intellectuel, des jugements, des habitudes d’une époque sur la manière de se vêtir. Cette collection déploie toute son énergie créative au travers de quelques références de la culture chinoise et de ses traditions ancestrales, tout en substance.
On retient :
Le concept de la mode « moderne » poussée à l’extrême. Sean Suen convoque la richesse des matières et l’associe avec complaisance à des tissus portant effet de « guenilles ». Ce clin d’œil fashion est un rappel aux costumes cinématographiques. On retrouve alors des pièces aux formes très travaillées pour des silhouettes masculines empreintes d’une sensibilité quasi-monastique. Cette modernité transparait dans ces looks mêlant Orient et Occident, tenues martiales, tailleurs classiques et blouses de travail.
L’oversize sous toutes les coutures. Les épaules sont adoucies par des capes épousant parfaitement la rondeur naturelle des articulations. Les manteaux magnifiquement coupés jouent avec l’univers enfantin pour traduire cette période de la vie qu’est le passage de l’enfance à l’adolescence, d’homme de pouvoir à criminel de guerre, de criminel de guerre à citoyen…
« L’habit fait l’empereur ». Car c’est uniquement à travers le vêtement que Sean Suen choisit de raconter la vie de Pu Yi. Ainsi, Suen a jeté son dévolu sur la richesse des laines mises en relief par des motifs d’astrakan que l’on admire sur de volumineux blousons à col de fourrure… Parfois, la laine était volontairement tachetée, comme pour évoquer des gravats de démolition. Plus loin, les proportions démesurées d’un manteau télégraphiaient l’idée d’un destin écrasant.