Parce que jamais rien n’est écrit, le nouveau livre de Véronique Mougin « Où passe l’aiguille » (Flammarion) raconte un miracle, celui d’un rescapé d’Auschwitz devenu l’un des couturiers parisiens les plus en vogue du XXème siècle. Une pépite à lire absolument…
C’est une histoire vraie. Celle de Tomi, né juif hongrois en 1929, d’un père maître-tailleur et d’une mère qui n’a pas survécu à sa naissance… Déjà l’histoire commence mal et on pourrait penser que rien de plus terrible ne pourrait arriver à cet enfant. Pourtant, l’arrivée des nazis dans leur bourgade de Beregszasz va bouleverser la vie et le destin de tous les habitants – et du jeune Tomi. Pendant près de deux années, le héros va apprendre à survivre et à « organiser » pour sauver encore un peu de ce qui lui reste de dignité. Dignité ? Un mot perdu dans ce monde où tout n’est que fantômes, ombres, creux, labeur et mort. A travers la voix de cet enfant (qui affirme avec aplomb avoir 17 ans), le lecteur s’émeut de toutes les ressources et de toutes les forces qui se cachent dans ce corps meurtri et affamé… La force de la Vie. Une puissance qu’il puisera alors en « organisant » son propre destin. Par le travail, la débrouillardise, la chance et le talent, Tomi fera se succéder ces jours aux enfers… Mais voilà qu’à l’arrivée des Américains, leurs cris « iourfri » sonnent presque faux ! Et le héros-narrateur comprend alors que la Vie est à nouveau devant lui, et que désormais, au nom de tous les siens disparus, il faut la saisir à pleines dents.
Pourquoi on aime ? Parce que du début à la fin, l’aiguille est sujet de tout : elle est omniprésente, elle s’insinue partout, elle se fait une place et peut être source de salut ! Véronique Mougin perce alors les mystères de cet art de la couture. Parce que l’art, quelqu’il soit, où qu’il soit, peut sauver l’humain. Une aiguille – une seule – peut faire basculer le sort d’un côté ou de l’autre…
Un coup de coeur ? Pour ce parcours hors du commun. Véronique Mougin nous offre une leçon de vie et de courage. Son style irremplaçable et fluide nous fait passer de la tristesse au rire, de la colère, au dégoût, de la mélancolie à la joie.
Où passe l’aiguille
Véronique Mougin
Editions Flammarion
458 pages
21 euros